Nous vous avons parlé librement, Corinthiens, notre cœur s’est largement ouvert. Vous n’êtes pas à l’étroit en nous, mais c’est dans vos propres sentiments que vous êtes à l’étroit. En contrepartie – je vous parle comme à mes enfants – ouvrez-vous largement, vous aussi !
Ne formez pas avec les non-croyants un attelage disparate. En effet, quelle association peut-il y avoir entre la justice et le mal ? Quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord entre le Christ et Bélial ? Quelle part, pour le croyant, avec le non-croyant ? Quel contrat, pour le sanctuaire de Dieu, avec les idoles ? En effet, nous sommes, nous, le sanctuaire du Dieu vivant, ainsi que Dieu l’a dit :
J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux ; je serai leur Dieu, et eux, ils seront mon peuple. Aussi sortez du milieu d’eux et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas ce qui est impur, et moi, je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et vous, vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant.
Puisque nous avons de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en portant la sainteté à son achèvement dans la crainte de Dieu.
(2 Co 6:11-7:1)
Explications
"Un attelage disparate" ? Paul utilise une image tirée du monde agricole. Un attelage disparate serait par exemple un bœuf et un âne. Que voulait dire Paul par cette image ? À quel niveau devons-nous garder une séparation entre nous, croyants, et les non-croyants, selon Paul ? Beaucoup interprètent principalement ce passage dans le contexte du mariage. Rien n'indique que ce soit exclusivement ce contexte-là dont il est question, mais ce serait une des applications les plus directes de ce concept. On peut alors comprendre que ces versets soient controversés.
"Bélial" ? Ce mot est un autre nom pour Satan. En fait, dans le grec, Paul utilise le mot "Béliar", qui semble être une variante de Bélial, mot issu de l'hébreu voulant originellement dire inutile/mauvais, mais qui est devenu un terme désignant une divinité (peut-être une divinité de la mer : 2 Sam 22:5). C'est l'unique occurrence de ce terme chez Paul, ce qui peut sembler un peu étrange.
Aux versets 16 à 18, Paul cite des passages de l'Ancien Testament à la suite. Ces citations sont tirées de Ez 37:27, Lev 26:11, Ésa 52:11, Ez 20:34 et 2 Sam 7:14.
Certains experts trouvent que, puisque le langage de ces paragraphes sort tellement de l'ordinaire de Paul ("attelage disparate", "Béliar", citations non habituelles pour Paul) et puisqu'il ne semble pas y avoir de rapport avec le contexte immédiat (7:2 serait tout naturellement la suite de 6:13), il est possible que les versets 6:14 à 7:1 soient un ajout (ou bien d'un autre texte de Paul ou d'un autre texte chrétien de l'époque). La pensée de ce texte et certains mots de vocabulaire semblent se rapprocher de certains textes que l'on a retrouvés à Qumran. Cependant, aucune théorie n'est réellement satisfaisante et la conclusion est que ces quelques paragraphes semblent être un peu mystérieux dans leur contexte. Cela contribue à la théorie que cette lettre a été originellement diffusée comme un regroupement de petites lettres, comme nous en avions discuté dans les premiers commentaires, mais sans être non plus un argument convaincant.
Toujours est-il que ce beau texte est présent dans notre canon, alors nous pouvons le lire avec confiance.
Commentaires
Appel au bon sens : quelle association entre le bien et le mal ? Si nous sommes sauvés, c'est seulement et entièrement pour le bien. Dieu prend soin de nous et il nous promet la vie en abondance, ainsi cherchons à vivre une vie sainte.
Ce n'est pas en vivant une vie sainte que nous aurons la vie en abondance, mais c'est parce que nous avons la vie en abondance que nous cherchons à vivre dans la sainteté la plus complète. Certes, nous avons la grâce, l'amour de Dieu et ses promesses de nous adopter comme un père, mais pour Paul tout cela est également une motivation pour s'efforcer de rechercher la sainteté.
Personnellement, je trouve le verset 7:1 magnifique et motivant. Il va sûrement rentrer dans ma rotation de passages appris par coeur. Étant confiant dans le salut offert gratuitement par Dieu, je peux lire ce verset et y voir un encouragement profond et inspiré de chercher la pureté, de corps et d'esprit. La crainte de Dieu n'a de sens que dans ce contexte. Dieu est grand et Tout-Puissant. Notre Père céleste nous aime, oui, mais il est aussi le Créateur et le Tout-Autre. Il est normal de parler de crainte de Dieu. C'est une notion qui ne peut s'appliquer qu'à lui. Ce n'est pas la même peur que nous pouvions avoir étant petit face aux punitions possibles de nos parents, c'est une crainte naturelle qui découle de la nature de Dieu et de notre méditation sur celle-ci.
Lorsqu'on cherche à contempler la grandeur de Dieu, même la grandeur de sa grâce, tout nous est donné en abondance : à la fois la paix et la joie, mais aussi la crainte et la révérence. Toutes ces choses contribuent à notre motivation de nous purifier en "portant la sainteté à son achèvement" !
Il y a tant de choses à dire ! Je m'arrête ici pour le moment.
À retenir
- Dieu nous a choisis, nous a adoptés, il est notre Père.
- Cette adoption amène à la fois la séparation d'avec le monde et l'encouragement à la pureté et à la sainteté.
- La crainte de Dieu est un état naturel qui découle de la puissance de Dieu et de notre relation avec lui. Ce n'est pas une crainte humaine ou une peur qui nous rabaisse.