Faut-il toujours se soumettre ?


Soumission : pour ou contre ?

Récemment j'ai lu ce passage en Hébreux 13,17 à propos de l'autorité dans l'église : "Obéissez à ceux qui vous dirigent et soyez-leur soumis". L'idée de la soumission dans la Bible apparaît à plusieurs endroits : enfants vis-à-vis des parents, épouses vis-à-vis de leur époux, citoyens vis-à-vis de l'autorité, esclaves vis-à-vis des maîtres et ici membres des assemblées vis-à-vis des dirigeants dans l'église. Mais aujourd'hui le mot "soumission" amène des réactions mitigées, voire des émotions négatives.

Alors comment lire ce passage aujourd'hui ?

Faut-il le lire seulement par curiosité historique en se disant qu'il représente une vision arriérée des choses ?

Faut-il le défendre comme règle absolue et le mettre en avant comme preuve que la société actuelle est en dérive ?

Puisque j'ai fait une petite vidéo sur Instagram à ce sujet, j'ai vu beaucoup d'opinions très différentes. Le terme "soumission" est d'autant plus controversé lorsqu'il s'agit la soumission de l'épouse à son époux (Eph 5,22). Certains, sur les réseaux sociaux, défendent cette notion de soumission (dans le mariage ou dans l'église) et d'autres la rejettent complètement.

Comment comprendre ces deux points de vue ? Pourquoi sommes-nous tant divisés sur cette question ?

J'aimerais ici aider ceux qui sont francs défenseurs d'un camp à comprendre le point de vue de l'autre.

Commençons par ceux qui défendent la soumission. Les défenseurs de l'application de ces passages dans l'église s'appuient sur deux points-clés :

  • Les Écritures Saintes sont notre autorité en terme de dogmes (Sola Scriptura) et l'idée de la soumission n'est pas quelque chose de ponctuel, mais qui revient à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament.
  • La soumission dans le contexte de l'Évangile n'est jamais une soumission bête qui tolère des abus mais toujours une soumission réciproque. Dans l'église par exemple, si les membres sont appelés à se soumettre aux dirigeants, il faut aussi rappeler que les dirigeants sont appelés à être des serviteurs. La soumission est donc réciproque.

Mais ceux qui défendent un rejet de cette notion de soumission vont s'appuyer sur une notion très importante :

  • Le danger des abus. En fait, l'idée ici est qu'il n'est plus possible d'utiliser le mot "soumission" de façon neutre. Aujourd'hui, au 21e siècle en occident, d'un point de vue général, mais aussi, malheureusement, d'un point de vue individuel : nous ne sommes que trop conscients des abus possibles d'une telle soumission. Les abus dans les structures religieuses et dans les familles reviennent encore et encore et sont constamment observés et dénoncés, sans parler des abus que l'on ne voit même pas.

Alors comment faire ? D'un côté nous avons des partisans d'un certain idéal : "la soumission n'est pas mauvaise en soi et est, au contraire, une belle chose dans le contexte de l'Évangile !", et de l'autre nous avons les défenseurs d'un réalisme pragmatique : "si l'on encourage la soumission, cela va nécessairement entraîner des abus. Il ne faut donc plus encourager la soumission !".

Ce n'est pas facile, et c'est pour cela qu'il faut continuer de discuter ensemble, mais de manière saine, pour s'aider les uns les autres. Il faut que les deux camps puissent se comprendre et s'accepter. Trop souvent je vois des débats qui tournent en mépris d'un camp envers l'autre. Cela n'aide personne.

Je rajouterai un point sur le thème de la soumission, qu'il faut garder en tête : un certain passage s'adresse à certaines personnes, et il ne faut pas tordre le sens en cherchant à forcer son application sur d'autres personnes. D'un côté, les membres de l'assemblée sont encouragés à obéir à leur dirigeants, mais ce passage ne dit pas que les dirigeants doivent forcer la soumission de leur paroissiens ! Au contraire, aux dirigeants il est dit d'être comme un esclave (Mt 20,27 ; Jn 13,14 ; Ac 20,35). Aux épouses il est dit de se soumettre à leur mari, mais à tous il est dit de se soumettre les uns aux autres (Eph 5,21) et aux maris d'aimer leur femme comme Jésus aime l'Église, c'est-à-dire en se donnant à elle. Le mari n'est donc pas appelé à forcer la soumission de sa femme !

Ainsi, chacun doit, s'il veut méditer sur ces Écritures, discerner en son coeur comment ces passages s'appliquent dans leur vie et leur contexte.

Si dans un mariage la femme est prisonnière car elle pense qu'elle doit rester soumise alors que son mari est abusif, alors il est bon d'aider cette femme à s'en sortir ! On remerciera alors ceux qui sont réalistes et pragmatique sur ce sujet.

Mais si dans un mariage heureux la femme dit d'elle-même qu'elle trouve la soumission importante, ou si dans une assemblée chrétienne saine un paroissien cherche à rester soumis aux anciens de l'église, alors pourquoi chercher à les en empêcher ?

À tous il est dit que nous sommes libres, mais que nous devrions pourtant nous comporter comme des esclaves (1 Pi 2,16).

De mon point de vue, le plus important est de garder un dialogue ouvert. Aucune position dogmatique et stricte ne peut être la bonne. Il y a toujours des cas particuliers et des dangers à éviter. Il ne peut pas toujours y avoir de la soumission (Ac 5,29), mais cela ne veut pas forcément dire que la soumission est toujours mauvaise non plus.

Cependant, le mot "soumission" dans certains contexte a perdu de sa neutralité et il faudra peut-être faire attention à notre langage et à comment nous exprimons les choses. Restons sages et vigilants.

N'hésitez pas à m'envoyer par mail vos réactions et vos opinions sur ce sujet qui est riche et qui peut être difficile. Je suis sûr qu'il y a beaucoup d'autres choses à dire.

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