Faites-nous une place ! Nous n’avons fait de tort à personne, nous n’avons ruiné personne, nous n’avons exploité personne. Ce n’est pas pour vous condamner que je dis cela, car je l’ai déjà dit : vous êtes dans notre cœur pour la mort et pour la vie. J’ai une grande assurance à votre égard, je suis très fier de vous, je suis comblé d’encouragements, je déborde de joie au milieu de toute notre détresse. En effet, depuis notre arrivée en Macédoine, nous n’avons pas eu le moindre repos ; nous étions pressés de toute manière : luttes au dehors, craintes au dedans. Mais Dieu, qui encourage les humbles, nous a encouragés par l’arrivée de Tite, et non seulement par son arrivée, mais encore par l’encouragement qu’il avait reçu de vous : il nous a raconté votre vive affection, vos pleurs, votre passion jalouse pour moi : ma joie n’en a été que plus grande. Même si je vous ai attristés par ma lettre, je ne le regrette pas. Même si je l’ai regretté – car je vois que cette lettre vous a attristés momentanément – maintenant je me réjouis, non pas de ce que vous ayez été attristés, mais de ce que votre tristesse vous a portés à un changement radical ; car vous avez été attristés selon Dieu, si bien que vous n’avez subi de notre part aucun dommage. En effet, la tristesse selon Dieu produit un changement radical qui mène au salut et que l’on ne regrette pas, tandis que la tristesse du monde produit la mort. Voyez donc ce que cette même tristesse selon Dieu a produit en vous : quel empressement ! Bien plus, quelle défense, quelle indignation, quelle crainte, quelle vive affection, quelle passion jalouse, quelle juste punition ! Vous avez montré à tous égards que vous étiez purs dans cette affaire. Si donc je vous ai écrit, ce n’était ni à cause de l’offenseur, ni à cause de l’offensé, mais pour rendre manifeste à vos propres yeux, devant Dieu, votre empressement pour nous. C’est pourquoi nous avons été encouragés. Outre cet encouragement, nous avons été beaucoup plus réjouis encore par la joie de Tite, dont l’esprit a été tranquillisé par vous tous. Si devant lui j’ai montré quelque fierté à votre sujet, je n’ai pas eu lieu d’en avoir honte ; comme nous vous avons toujours parlé selon la vérité, ce dont nous étions fiers en présence de Tite est aussi apparu comme la vérité ; et sa tendresse pour vous n’en est que plus grande, au souvenir de votre obéissance à tous, car vous l’avez accueilli avec crainte et tremblement. Je me réjouis de pouvoir vous faire confiance en tout.
(2 Co 7:2-16)
Explications
Ces versets s'inscrivent dans la suite de ce qui a été commencé au chapitre 6 : Paul cherche à restaurer la relation de confiance entre lui et les Corinthiens. On en arrive aux conclusions de ce thème : Paul commence par les rassurer en leur exprimant son affection et son encouragement. Il évoque les nouvelles apportées par Tite et qui étaient très rassurantes pour lui.
Les versets 8 à 13 reviennent sur la notion de tristesse. Paul semble avoir été, au premier abord, soucieux de leur causer de la tristesse par sa lettre qui les a repris sévèrement, mais il est maintenant rassuré. Il y a bien eu de la tristesse, mais pas une tristesse inutile ou abusive. Comme un enfant qui peut être triste de recevoir une correction, sur le long terme cette correction a apporté un changement positif. Paul compare donc deux types de tristesse : ce qu'il appelle la "tristesse selon Dieu" et la "tristesse du monde". Ce n'est pas, bien sûr, très confortable de devoir corriger ainsi une église, mais Paul exprime un grand soulagement de voir que celle-ci a répondu positivement par une repentance exemplaire. Le but n'est pas de rester dans ce climat de tension et de tristesse, mais il faut admettre que cette correction était nécessaire pour restaurer la relation. Paul peut maintenant exprimer sa confiance totale envers eux.
Qui sont l'offenseur et l'offensé évoqués au verset 12 ? Il paraît improbable que ce soit la personne incestueuse évoquée en 1 Co, je pense plutôt qu'il devait y avoir une personne spécifique (peut-être parmi les "super-apôtres" évoqués dans les chapitres 10-12 ?) qui accusait Paul de divers torts. C'est, en tous cas, ce qui semble ressortir des différentes allusions. L'offensé serait donc Paul lui-même.
Commentaires
La présentation de ces deux types de tristesse (selon Dieu / selon le monde) est une belle argumentation pour soutenir l'idée de correction (dans l'église, ou par Dieu en général) tout en reconnaissant qu'il y a une mauvaise façon de le faire et de le recevoir. Ce n'est donc pas la tristesse en soi ou la correction en soi qui est mauvaise, mais bien plutôt la façon dont est utilisée cette tristesse. Paul parle peu de la tristesse du monde, mais par opposition on peut comprendre que celle-ci est une tristesse qui n'aboutit à aucun changement et qui est, justement, contre-productive. Mais il est intéressant de lire que Paul était soucieux au début : il a presque regretté, puis, en voyant que la réponse était positive, il s'en est réjoui. Pour moi, je vois à quel point cela illustre la subtilité dans les relations et dans les moments de correction. C'est très délicat de corriger un groupe quand on est en position d'autorité, et Paul le comprend très bien. Ainsi, pour nous, il ne faut pas rejeter en bloc l'idée de la correction, car celle-ci peut être nécessaire et utile, mais il ne faut pas non plus oublier que les relations dans l'église sont toujours délicates et peuvent être fragiles.
Enfin, on note justement que ce n'est pas toujours la joie et l'amour facile dans nos relations. Paul exprime un amour et une fierté pour ces Corinthiens mais on voit que cette relation de confiance ne vient pas forcément avec aisance. Cela demande des efforts et, parfois, des moments de tristesse. Cependant, dans tout cela, ils ont montré qu'ils étaient purs. Ainsi, dans nos relations, on ne sait pas toujours quelle est la bonne chose à faire, et il est possible de faire des erreurs que l'on regrette plus tard (on ne voit pas toujours l'ampleur des conséquences avant d'agir), mais on peut - et on doit - toujours chercher la pureté.
À retenir
- La correction dans notre relation avec Dieu ou dans nos relations dans l'église est quelque chose de délicat, mais parfois nécessaire. Attention à gérer ces moments avec respect et humilité de chaque côté !
- Les relations ne sont pas faciles, on peut faire des erreurs et elles demandent souvent beaucoup d'efforts.