Nous savons, en effet, que si notre demeure terrestre, qui n’est qu’une tente, est détruite, nous avons dans les cieux une construction qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été fabriquée par des mains humaines. Aussi nous soupirons dans cette condition ; nous souhaitons vivement revêtir notre domicile céleste par-dessus l’autre, s’il est vrai qu’une fois vêtus nous ne serons pas trouvés nus. Car, tandis que nous sommes dans cette tente, nous soupirons, accablés, parce que nous voulons, non pas nous dévêtir, mais nous revêtir, pour que le mortel soit englouti par la vie. Et c’est Dieu qui nous a produits à cette fin même, lui qui nous a donné les arrhes de l’Esprit. Nous sommes donc toujours pleins de courage, sachant que tant que nous sommes chez nous, dans le corps, nous sommes en exil loin du Seigneur – car nous marchons par la foi et non par la vue. Nous sommes cependant pleins de courage et nous aimons mieux être en exil loin du corps pour être chez nous auprès du Seigneur. C’est pour cela aussi que nous mettons un point d’honneur à être agréés par lui, que nous soyons chez nous ou en exil. Car il nous faudra tous comparaître en pleine lumière devant le tribunal du Christ, pour que chacun recueille selon ce qu’il aura pratiqué avec son corps : soit du bien, soit du mal.
(2 Co 5:1-10)
Explications
Je profite de ce passage pour vous parler de la question des sources et des manuscrits. Sans rentrer dans trop de détails, il est intéressant de noter que les traductions du verset 3 vont varier selon les versions. La traduction NBS (celle que j’utilise d’habitude dans ces commentaires) propose : s’il est vrai qu’une fois vêtus nous ne serons pas trouvés nus. Mais la traduction NFC (une traduction que j’aime beaucoup) propose : si du moins, une fois dévêtus, nous ne sommes pas trouvés nus. Et la TOB (traduction oecuménique) propose : pourvu que nous soyons trouvés vêtus et non pas nu. Ces trois phrases n’ont pas le même sens ! Entre la NBS et la NFC nous avons même un sens quasiment opposé (vêtus / dévêtus). Vous pouvez comparer les traductions ici : https://lire.la-bible.net/bible/NFC,NBS,TOB/2CO.5. Comment cela se fait-il ? Pour comprendre ce genre de phénomène qui peut arriver parfois quand on compare des traductions bibliques, il faut savoir comment cette traduction est formée. Nous n’avons pas de version originale de la Bible. Les écrits du Nouveau Testaments datent de 1500 ans avant l’invention de l’imprimerie ! Il est donc impossible d’avoir un écrit original d’un texte si ancien. Nous y avons accès seulement par des copies, des copies de copies, etc. En copiant un texte à la main, il arrive que certaines variantes apparaissent. Il y a alors tout un travail de critique des sources et des manuscrits pour essayer de retrouver quelle est le texte le plus proche de l’original, mais ce travail n’est pas totalement objectif et infaillible. Evidemment, cela ne change pas le sens général des Écritures, mais sur des petites portions de phrases comme celle-ci, cela peut avoir un impact. Surtout parce que le travail ne s’arrête pas ici : il faut ensuite traduire ce texte. Or le grec de l’époque n’est plus une langue parlée aujourd’hui et ici Paul parle de quelque chose de difficile et métaphorique : être revêtu d’une tente spirituelle. Ainsi, la traduction n’est pas non plus très aisée, et l’on peut se retrouver avec plusieurs versions différentes en français. Dans ce contexte, que peut-on conclure sur ce que Paul voulait dire dans ce paragraphe ? Il continue le thème de la résurrection qu’il avait commencé dans les versets précédents et il explique que l’espérance du chrétien n’est pas de mourir physiquement mais d’être transformé spirituellement. Il utilise l’image de la demeure (oikos - maison) pour parler de notre corps. Notre corps terrestre, notre maison ici sur terre, est une tente. C’est-à-dire que cette demeure n’est pas une demeure de haute qualité et nous attendons avec impatience de recevoir une bien plus belle maison après notre mort. Cependant, cela ne veut pas dire que nous espérons mourir au plus vite (v. 4), mais nous sommes simplement plein d’espérance, d’anticipation, de joie et de courage à l’idée de recevoir ce que Dieu prépare pour nous. Et ces sentiments-là nous poussent à agir avec justice, en sachant que le jugement viendra.
Commentaires
Dans ma marche personnelle avec Dieu, je dois avouer que lorsque la discussion tourne trop vers le futur "après la mort", cela ne m'inspire plus. Trop souvent j'ai entendu des discours sur le "paradis" ou sur la "résurrection" qui renvoient tous nos problèmes à plus tard. Comme si rien de ce qu'il se passe maintenant n'a d'intérêt si ce n'est de nous préparer à la suite. Or, pour être honnête, ce genre de discours n'a rien d'inspirant pour moi. Dieu nous aurait-il créé seulement pour nous tester et nous préparer pour la seconde étape ? De mon côté, il me paraît impossible de s'imaginer clairement quelle sera cette "demeure éternelle" que Dieu nous prépare, alors comment peut-on constamment tourner notre regard vers quelque chose que l'on ne peut même pas imaginer ?
Et pourtant l'espérance de la résurrection futur reste un aspect important de la vie chrétienne ! Il faut donc en parler. À chaque fois que Paul en parle, c'est en terme d'espérance et de courage. Un courage qui nous pousse à faire le bien, ici et maintenant. De plus, cette espérance est manifeste dans l'Esprit. C'est l'Esprit Saint qui nous permet d'être réconciliés avec la mort et les promesses de Dieu. Je ne sais donc pas exactement à quoi ressemblera le futur, mais je fais confiance à Dieu et je recherche une communion avec lui par l'Eprit pour avoir le courage d'espérer, le courage d'avoir la foi et le courage de faire le bien.
La question de la résurrection et de la vie après la mort est une question qui revient souvent en moi, et je ne pense pas avoir vraiment trouvé de réponse. Mais peut-être que c'est dans ce paradoxe, dans ce questionnement, que ce trouve justement l'aspect le plus important ?
Je serais curieux de lire vos retours sur ce point et sur ce passage. Comment comprenez-vous notre espérance à propos de cette demeure éternelle qui sera notre corps celeste ?
À retenir
- Notre vie chrétienne est une vie d’espérance et de courage, motivée par les promesses de Dieu.
- Cette espérance et ce courage nous poussent à faire le bien et tout cela n’est possible qu’avec l’aide de l’Esprit.